Fragments de Terres
[TERRA - 18/11/2146 23:29:54] 

Ce soir, je me sens d’humeur chagrine.

Rien n’est nul et non avenu, ni les passions, ni les outrages. 

Je me sens d’humeur chagrine.

Ta main a brusquement quitté la mienne, un voile sombre s’est abattu sur le chemin, mon sac s’est empli de lourds souvenirs et le boulet des regrets me scie les chevilles.

Par où aller dans ce noir de Chine ? 

Je suis d’humeur chagrine, car les mots m’ont trahie, tu es parti. 

Je suis d’humeur chagrine, car je sais qu’il est vain de lutter contre l’inéluctable. 

Je suis d’humeur chagrine, car mes maux ne trouvent plus de résonance nulle part.

Je suis d’humeur chagrine, enfin, car les mots mêmes, je le sais, ne feront que t’encombrer inutilement. 

Je les écris quand même. Peut-être s’adressent-ils à toi, peut-être pas. 

Ce soir, je suis d’humeur chagrine et la pluie ne cesse de couler sur mon visage. 

Je t’ai aimé.

Oui, je t’ai aimé…

Jusqu’au bout.

Jusqu’au bout de mes pensées, de mes mots, de mes actes, de mon corps. 

Jusqu’au bout de ma vérité, de mes promesses, de mes engagements. 

Jusqu’au bout de nos rêves, de nos projets, de nos folies. 

Jusqu’au bout de moi. De nous.

Et maintenant encore, il y a des bouts de moi qui vibrent encore d’échos amoureux. Je ne parviens pas à les extirper. Il le faut pourtant, car je ne peux attendre cette planète ou la prochaine pour te retrouver. 

Je t’ai aimé, et ce qui fait ma désolation, c’est qu’une partie de moi continuera de t’aimer.

Ana